Le Coup d’État du 15 Janvier 1966, Un tournant sanglant dans l'histoire de la jeune nation nigériane

blog 2024-11-13 0Browse 0
Le Coup d’État du 15 Janvier 1966, Un tournant sanglant dans l'histoire de la jeune nation nigériane

Nigeria, terre vibrante et riche en diversité culturelle, a connu un parcours tumultueux depuis son indépendance en 1960. Son histoire est marquée par des moments de grande splendeur et d’autres d’intense souffrance. Parmi ces événements, le coup d’État du 15 janvier 1966 se distingue comme un tournant sanglant qui a profondément marqué la conscience nationale. Cet événement tragique, mené par un groupe d’officiers de l’armée principalement issus de la région Igbo du sud-est du pays, a précipité le pays dans une spirale de violence et d’instabilité politique qui allait durer des décennies.

Pour comprendre pleinement les causes profondes de ce coup d’État, il est crucial de revenir aux tensions ethniques et politiques qui rongeaient le jeune Nigeria dès sa naissance. Bien que l’indépendance ait été célébrée avec enthousiasme, elle a également révélé des divisions latentes entre les différentes régions du pays. Les Haoussas du nord dominaient l’administration et la fonction publique, tandis que les Yorubas du sud-ouest et les Igbos du sud-est aspiraient à une plus grande représentation politique.

Cette lutte pour le pouvoir s’est intensifiée avec la montée en puissance de politiques régionalistes qui prônaient la domination de leur propre groupe ethnique. Les accusations de corruption, de népotisme et de discrimination se sont multipliées, créant un climat de méfiance et d’hostilité entre les différentes communautés.

C’est dans ce contexte explosif que le coup d’État du 15 janvier 1966 a éclaté. Dirigé par des jeunes officiers ambitieux, principalement issus du Sud-Est, le putsch visait à renverser le gouvernement civil dirigé par Sir Abubakar Tafawa Balewa et à instaurer un régime militaire plus “juste” et “équitable”.

Les insurgés ont rapidement pris le contrôle de Lagos, la capitale du pays. Le Premier ministre Balewa a été assassiné, ainsi que plusieurs autres membres du gouvernement, dont le Ministre des Finances, Festus Okotie-Eboh.

Le général Johnson Aguiyi-Ironsi, un officier Igbo originaire de Umuahia, a été nommé chef de l’État. L’arrivée d’un militaire à la tête du pays était perçue par certains comme une opportunité de renouveau et de réforme.

Cependant, le coup d’État a également déclenché une réaction violente de la part des autres groupes ethniques. Les Haoussas et les Yorubas ont ressenti un profond sentiment d’injustice face à la domination des officiers Igbos dans l’armée.

Des émeutes sanglantes ont éclaté dans le nord du pays, ciblant principalement les citoyens Igbos qui étaient considérés comme responsables de la chute du gouvernement civil. Des milliers de personnes ont été massacrées dans ces pogroms, marquant un tournant tragique dans l’histoire du Nigeria.

Le général Ironsi a tenté d’apaiser les tensions en promulguant des décrets visant à promouvoir l’unité nationale et à lutter contre la discrimination ethnique. Il a également lancé des réformes politiques et économiques pour moderniser le pays.

Cependant, ses efforts se sont avérés insuffisants face à la profonde fracture sociale qui avait divisé le Nigeria.

Le 29 juillet 1966, un nouveau coup d’État a eu lieu, cette fois mené par des officiers de l’armée du Nord. Le général Ironsi a été assassiné, et Yakubu Gowon, un officier originaire du Plateau State, a pris le pouvoir.

Ce deuxième coup d’État a marqué le début d’une guerre civile qui allait durer trois ans (1967-1970). Les tensions ethniques et politiques non résolues ont conduit à la création de la République du Biafra par les Igbos en 1967, déclenchant un conflit sanglant qui a fait des millions de victimes.

Le coup d’État du 15 janvier 1966 demeure une tragédie nationale qui a laissé des cicatrices profondes dans la mémoire collective du Nigeria. Cet événement a mis en lumière les dangers du nationalisme ethnique et de la violence politique, ainsi que l’importance de promouvoir un dialogue constructif et une véritable réconciliation nationale.

Figures clés du coup d’État

Nom Poste Origine Ethnique
Major Chukwuma Kaduna Nzeogwu Commandant Igbo
Lieutenant Colonel Emmanuel Ifeajuna Officier Igbo

Conséquences du coup d’État

  • Déclenchement de pogroms contre les Igbos dans le Nord du pays.
  • Assassinat du Premier ministre Sir Abubakar Tafawa Balewa et plusieurs autres membres du gouvernement.
  • Instauration d’un régime militaire dirigé par le Général Johnson Aguiyi-Ironsi.
  • Aggravation des tensions ethniques et politiques.
  • Préparation du terrain pour la guerre civile du Biafra (1967-1970).

Il est essentiel de rappeler que cette histoire n’est qu’une partie d’un puzzle complexe qui nécessite une analyse approfondie et nuancée. Le coup d’État du 15 janvier 1966 a été un événement traumatique qui a profondément marqué le Nigeria, mais il ne faut pas oublier que les Nigérians ont démontré une résilience remarquable face à l’adversité.

L’étude de cette période sombre de l’histoire permet de mieux comprendre les défis auxquels le pays fait encore face aujourd’hui et d’apprécier la valeur d’un dialogue interethnique, d’une gouvernance inclusive et du respect des droits fondamentaux pour tous les citoyens.

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